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L’Union européenne inscrit la Côte d’Ivoire sur sa « liste noire » LCB/FT

Quelles raisons ? Quelles conséquences pour les acteurs ivoiriens ?

1.  Un contexte international défavorable

Depuis octobre 2024, la Côte d’Ivoire figure déjà sur la « liste grise » du GAFI, c’est-à-dire parmi les juridictions placées sous surveillance renforcée pour corriger de sérieuses lacunes dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB/FT). Le dernier communiqué du GAFI (13 juin 2025) confirme que le pays reste sous examen, aux côtés d’Angola, Namibie ou encore Kenya. (fatf-gafi.org)

2.  Le nouveau règlement européen du 10 juin 2025

Pour s’aligner sur l’évaluation du GAFI, la Commission a adopté le Règlement délégué (UE) …/2025 du 10 juin 2025 (C(2025) 3815 final), qui modifie l’annexe du Règlement délégué 2016/1675. Dix pays — dont la Côte d’Ivoire — sont ajoutés à la liste des « pays tiers à haut risque » tandis que huit en sont radiés. Le texte entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel, attendue début juillet 2025. (data.consilium.europa.eu)

La Commission motive sa décision par « des défaillances stratégiques que la juridiction doit encore corriger, malgré un engagement politique de haut niveau ». (finance.ec.europa.eu)

3.  Ce que cela change concrètement

Acteurs concernésImpacts immédiatsRisques & opportunités
Banques et établissements financiersObligation de mesures de vigilance renforcée (ECDD) pour tout client, transaction ou filiale liée à la Côte d’Ivoire ; rapports plus fréquents aux cellules de renseignement financierHausse des coûts de conformité et possible stratégie de « de-risking » de certains correspondants bancaires
Entreprises ivoiriennes exportant ou levant des fonds dans l’UEDélais accrus d’ouverture de compte, audits supplémentaires, besoins accrus de justificatifs sur l’origine des fondsIncitation à formaliser la gouvernance et à renforcer la traçabilité pour rassurer les partenaires
Investisseurs européensBarrière réglementaire : plus de contrôles avant de financer des projets ivoiriensOpportunité pour des cabinets de conseil/compliance locaux et pour les fintechs KYC
État & régulateursPression pour aligner le code monétaire et financier et le dispositif de gel des avoirs sur les standards FATF/GAFI ; supervision accrue de la BCEAOPossibilité de recevoir une assistance technique de l’UE, du FMI et de la Banque mondiale pour accélérer les réformes

4.  Les prochaines étapes pour Abidjan

  1. Mettre en œuvre le plan d’action à neuf points négocié avec le GAFI (p. ex. transparence des bénéficiaires effectifs, sanctions effectives contre les infractions LCB/FT).
  2. Renforcer la CENTIF-CI et doter les autorités judiciaires de moyens d’enquête financiers.
  3. Dialoguer avec les partenaires européens pour démontrer, d’ici fin 2026, des résultats mesurables (condamnations, saisies d’avoirs).
  4. Demander un ré-examen anticipé — scénario plausible en 2027 si les réformes avancent rapidement.

5.  Pourquoi les opérateurs ne doivent pas attendre

Même si l’inscription est souvent perçue comme un « label négatif », elle est aussi un signal fort pour moderniser le secteur financier ivoirien :

  • accélération de la digitalisation KYC/KYB,
  • opportunité pour les banques de la zone UEMOA d’harmoniser leurs procédures,
  • attractivité retrouvée une fois les standards internationaux atteints (exemple : Maurice, retirée de la liste en 2022).

Encadré : rappel des bases juridiques européennes

  • Directive (UE) 2015/849 (4ᵉ directive LCB/FT) et ses modifications ultérieures.
  • Règlement délégué (UE) 2016/1675 : mécanisme d’inscription des « pays tiers à haut risque ».
  • Règlement délégué (UE) …/2025 (C(2025) 3815 final) : ajoute 10 pays (dont la Côte d’Ivoire) et en radie 8.

Bibliographie & sources

  • Commission européenne – 10 juin 2025. Lien
  • Document ST 10081/25 ECOFIN – 10 juin 2025. PDF
  • FATF/GAFI – 13 juin 2025. Lien
  • Reuters – 10 juin 2025 (inclut la Côte d’Ivoire). Article
  • Business Insider Africa – 12 juin 2025. Article

À retenir : l’inscription n’est pas une sanction financière mais un signal de risque. Les acteurs ivoiriens qui anticiperont dès aujourd’hui les exigences LCB/FT en sortiront plus solides — et potentiellement plus attractifs.